« Bellinzone : une ville aux multiples projets »

Ticino, octobre 2021

Mario Branda est le chef de l'exécutif de la ville de Bellinzona. Je le rencontre dans son bureau de la Mairie, un bâtiment caractéristique du centre conçu par l'architecte Enea Tallone.

Qui est Mario Branda ?
En poste depuis avril 2012, Mario Branda (PS) est le premier maire socialiste d’une ville tessinoise. Étant dans ce cas la capitale cantonale, le record double. Un exploit qui est certainement une source de fierté pour M. Branda qui n’aime pas la grande fanfare. En 2011, il a démissionné de la fonction de procureur de la République pour se présenter au Conseil d’État mais n’a pas été élu. Il ne s’est pas laissé tomber et l’année suivante, il s’est présenté à la mairie de Bellinzona et a recueilli une avalanche de voix. Né en 1960, avocat de profession, Mario Branda travaille au cabinet d’avocats et de notaires MLaw à Bellinzona.

Vous êtes à la tête de la ville de Bellinzona qui, ces dernières années avec l’agrégation, a connu plusieurs changements. Vous avez récemment développé le PAC, le Programme d’action municipale. De quoi s’agit-il?
Pour comprendre pourquoi le besoin d’acquérir le PAC s’est fait sentir, nous devons prendre en compte deux aspects importants qui ont le développement de Bellinzona était né.

Avec l’agrégation 2017, la nouvelle Bellinzone a réuni 13 communes et est passée de 18 000 à près de 45 000 habitants et une superficie qui – avec 164 km2 – est la plus grande de Suisse pour une commune à population équivalente.

Gérer le développement économique, culturel, éco-social et garantir l’entretien et la sécurité d’un territoire aussi vaste implique un effort considérable. Avec l’agrégation, l’administration de toutes les communes a dû être standardisée, une opération laborieuse car nous avons de vastes zones agricoles et semi-agricoles – 1/3 du Plan Magadino appartient désormais à la nouvelle juridiction – qui ont des besoins et des exigences différents par rapport à vers les centres urbains.

Le deuxième aspect important est AlpTransit : l’ouverture des tunnels de base du Gothard et du Monte Ceneri constitue un aspect fondamental et stratégique qui profitera à tout le canton du Tessin et, surtout, la ville de Bellinzona connaîtra d’importants changements dans le tissu urbain au fil du temps. . . Des transformations qui peuvent être évaluées dans 10-15 ans, même si déjà maintenant nous pouvons observer des mouvements qui n’étaient pas là jusqu’à il y a quelque temps.

Le besoin s’est donc fait sentir de créer un document qui aiderait la municipalité actuelle et ceux qui continueront à s’orienter et à orienter la politique de développement dans cette nouvelle réalité. Un concours a été publié auquel ont participé différents groupes, dans le but d’aider les futurs choix en termes d’aménagement et de développement de la ville dans les 15-20 prochaines années et de pouvoir intégrer les plans réglementaires actuels dans un document unique.

Que contient le PAC ?
Le PAC est un outil de programmation, composé d’un document descriptif et de cartes et plans illustratifs. Il contient quelques principes codifiés sur lesquels nous nous orienterons à l’avenir et prend en compte les deux aspects importants suivants :

– Identité polycentrique. La nouvelle Bellinzone a des réalités différentes et il est important de maintenir les identités des différentes municipalités, leur vie sociale et leur développement. Les anciennes communes ont accepté le nouveau statut du quartier de Bellinzona pour autant que les services, les connexions capillaires et la sécurité soient garantis sur tout le territoire.

-Le fleuve Tessin. Du point de vue paysager, la rivière qui traverse le territoire de Moleno à Gudo caractérise le nouveau territoire et représente l’épine dorsale de la nouvelle Commune.

Une fois ces deux principes généraux posés, suivent des projets de développement orientés vers une évolution centripète de la qualité, en se concentrant sur la construction et le développement d’activités économiques dans des centres déjà densément peuplés pour soulager la pression d’une exploitation plus poussée du territoire.

Deux zones ont été identifiées qui sont particulièrement adaptées à l’activité de construction et au développement économique : le secteur de l’ancien Ferriere Cattaneo et l’espace des anciens ateliers à Bellinzona, dans la zone centrale.

Pouvez-vous me parler du projet ambitieux de l’espace Ex Officine ? Il serait également intéressant d’avoir des détails sur le calendrier.
Le projet pour la zone Ex Officine comprend en fait divers projets. Le premier gros chantier sera de déplacer tout ce qui se trouve sur le terrain des ateliers CFF et de l’amener à Castione. Ici, une superficie de plus de 150 000 mètres carrés a été identifiée qui semble adaptée à la construction du nouveau site de production des CFF, dans une zone facilement accessible pour un investissement total qui devrait avoisiner les 400 millions de francs. Une partie des frais sera prise en charge par le canton (80 millions de francs) et la ville de Bellinzone (20 millions de francs). Les prémisses sont bonnes pour penser que le projet pourra démarrer une fois les pratiques administratives et récurrentes résolues.

Si cette opération se concrétise, comme on peut l’espérer, la zone actuelle des ateliers des CFF sera libérée, un espace d’environ 120 000 mètres carrés au cœur de la ville. Pour comprendre quoi en faire, un Masterplan avec un concours international a été lancé. Les données ont déjà été publiées et prévoient la construction d’un nouveau quartier en partie résidentiel, l’actuelle cathédrale de réparation de locomotives pourrait être convertie en un centre culturel et social ; enfin, une partie destinée à la formation avec un Swiss Innovation Park, un sous-site des Swiss Innovation Parks.

Il s’agira d’une variante du master plan qui s’appuiera également sur le nouveau Masterplan pour définir les étapes et les processus de ce nouveau quartier. C’est un projet qui a une vision et un horizon de 30-40 ans, il suivra un chemin défini et on espère qu’il pourra être divisé en lots et secteurs, à n’ouvrir que lorsque le précédent sera déjà achevé et occupé. Partie cent-
trale d’environ 30.000 mètres carrés est destinée au public vert, un véritable parc où les différents bâtiments vont se développer autour.

Le terrain sur lequel ce nouveau quartier sera construit aujourd’hui appartient à 100 % aux CFF et l’accord signé en décembre 2017 prévoyait que la moitié de celui-ci serait vendue au canton du Tessin et à la ville de Bellinzona avec l’intention de réaliser un projet commun projet.

Quels autres chantiers avez-vous en cours ou prévoyez-vous d’activer dans un avenir proche ?
Le nouveau siège de l’IRB sera inauguré sous peu en novembre. Le siège actuel pourrait être acheté par la ville pour y inclure de nouvelles activités de recherche biomédicale après quelques rénovations. L’idée est de consolider la ville de Bellinzona en tant que centre de recherche biomédicale.

En 2030, les travaux devraient commencer sur un autre projet important : la construction du nouvel hôpital, qui sera construit dans la région de Saleggina. La première étape – l’attribution du crédit de 16 millions de francs par la Commission de gestion du Grand Conseil, pour l’achat des terrains appartenant à Armasuisse – a été franchie.

L’autre grand chantier à développer au cours des quatre prochaines années sera de valoriser l’offre culturelle de la ville et l’attractivité des trois châteaux : essentiellement la valorisation de la Forteresse de Bellinzone, inscrite au patrimoine de l’Unesco.

Enfin, je suis curieux de savoir quel est le rêve du maire Mario Branda ?
En fait il y en a deux : la consolidation des pôles de recherche biomédicale de l’IRB et celui qui reviendra dans le bâtiment laissé vide par l’IRB et, par la même occasion, s’occuper du projet de valorisation du patrimoine Unesco des châteaux qui pourraient donner un tournant culturel et touristique à Bellinzona.

Et un slogan : pour un Bellinzona, un pôle de recherche mais avec l’Art !

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