«Le potentiel de l’immobilier reste attractif à long terme, si les projets sont innovants et durables»

Suisse Romande, octobre 2022

Responsable Développement Suisse romande de HRS Membre de la Direction générale

Cher Monsieur, la question usuelle en cette période d’instabilité: comment allez-vous?
Bien merci malgré les circonstances.

Qui est HRS et quel est votre rôle chez HRS ?
HRS, en mains 100% suisse, acquière, développe, conseil et construit depuis plus de 60 ans en Suisse, 22 ans en Suisse romande, ce qui en fait un des leaders du secteur. Au sein de HRS, j’ai la responsabilité du développement immobilier en Suisse romande lequel regroupe l’acquisition de foncier, le développement des projets jusqu’au permis de construire et la vente de ceux-ci aux privés pour les projets en lot PPE ou aux investisseurs institutionnels, fond immobilier etc pour les projets en location. Mon team participe également aux concours d’investisseurs. Je suis également membre de la direction générale avec César Vuadens lequel est responsable des appels d’offre en entreprise Totale et de la réalisation pour la Suisse romande. Avec l’appui d’une équipe dirigeante qui comptabilise plusieurs dizaines d’années de fidélité, HRS couvre ainsi tous les processus de planification et réalisation des projets immobiliers.

Quel est l’impact de l’instabilité actuelle sur l’organisation de votre travail et pour le développement de projets ?
L’organisation de notre société plutôt horizontale permet d’être extrêmement agile et flexible pour nous adapter à des changements bientôt mensuels voir hebdomadaires. Dans le cadre des développements de nouveau plan d’affectations voir des demande de permis, nous devons faire face à une législation et des règlements en constante mutation et des retards conséquents dus à la multitude de nouvelles procédures.

Et sur la construction ?
L’impact financier des mesures de protection « COVID » passé, et depuis le conflit en Ukraine, ce sont la hausse des matières premières, les retards de livraison de ces dernières et la hausse du prix de l’énergie qui ont eu des répercussions financières et temporelles lesquelles n’ont que partiellement été prise en charge par nos clients. Nous avons actuellement beaucoup de discussions sur les termes et conditions contractuelles dans le cadre des nouveaux projets.

Quels sont les grands projets d’HRS en cours en Suisse romande ?
Après la fin des travaux du terminal Est de l’aéroport à Genève nous avons eu la chance de nous voir confier la réalisation du campus Pictet qui monopolise une grosse partie de nos ressources sur Genève. Les chantiers « l’hôpital des enfants » à Lausanne, « Côté Gare » à Bussigny, « Cours de Gare » à Sion ainsi que dernièrement le quartier de l’Orée sont actuellement les projets en cours de réalisation les plus importants. D’autres projets d’une certaine importance sont en développement, tels que le « Centre sportif et de loisir de la Gruyère » à Bulle, « Le Terraillet » également à Bulle ou l’hôtel « Radisson » à Vernier.

Projetons-nous dans le futur: comment voyez-vous le développement du marché immobilier en Suisse romande d’une part en termes économiques (évolution de la demande pour le logement, les bureaux, les immeubles affectés à de la logistique, le commercial) ?
Les tendances qui ont émergées après la crise COVID se confirmeront à l’avenir à savoir que le logement évoluera avec un espace dédié au « Home Office », de même les espaces extérieurs devront être plus généreux. La demande pour les bureaux est en baisse et il faudra proposer d’autres affectations, intermédiaires ou définitives, pour ces surfaces. Une concertation avec les autorités sera nécessaire, trop de surfaces de bureaux sont planifiées dans les différents plans de quartier et plan d’affectation et ne trouverons pas preneur. Parallèlement, la demande pour des centres logistiques et halles de stockage dédiés à l’e-commerce est en hausse mais représente somme toute un volume assez marginal. Le commerce de 1ère nécessité quant à lui se rapproche du consommateur, de ce fait il sera de plus en plus rare de voir s’édifier de grands centres commerciaux en périphérie des villes. Les maîtres mots des différents projets seront l’autonomie énergétique ainsi que « la flexibilité », celle-là même qui permettra différentes utilisations sans pour autant devoir investir de trop gros montants. Le marché de la rénovation a également un bel avenir, notamment la rénovation énergétique compte tenu des enjeux et objectifs climatiques à l’horizon 2030 et 2050.

Y a-t-il encore du potentiel pour des grands projets malgré un envir-onnement législatif de plus en plus restrictif (durée des permis, LAT) ?
Je pense que oui, plusieurs sites proches des importantes voies de transport sont aujourd’hui propices à divers développements immobiliers incluant des espaces verts. On pense notamment à recouvrir les axes routiers ou ferroviaires traversant les grandes villes, transformer les friches urbaines etc… Les projets pourraient également prendre de la hauteur au lieu de s’étaler au sol.

Le marché immobilier doit cependant faire face à plusieurs changements législatifs et excès démocratiques lesquels ralentissent les procédures d’autorisation. Début 2019, nous avons créé avec différents développeurs immobiliers, L’ADIV (Association des développeurs immobiliers vaudois) laquelle œuvre à plus de concertation entre les autorités et les développeurs immobiliers, notamment lors des modifications des outils législatifs et tente d’être un accélérateur de projet.

Comment analysez-vous le marché de l’investissement ? la crise a-t-elle modifié l’appétit des investisseurs ?
Au vue de la situation mondiale actuelle plus qu’incertaine et face à une inflation certes, relativement contenue en Suisse, Le placement immobilier, malgré l’augmentation des taux, reste attractif. De même en ces temps incertains, la pierre reste toujours et encore une valeur refuge. Les projets se verdissent néanmoins de plus en plus et la durabilité reste au centre des préoccupations. Les développeurs immobiliers que nous sommes doivent proposer des solutions innovantes, écologiques, économiques et pérennes. Du côté des investisseurs, on relèvera que l’intérêt reste important, cependant dans le contexte extrêmement incertain que nous vivons, la prise de décision prend beaucoup plus de temps.
Merci Monsieur Müller et bonne suite d’activité

Sur la personne
Thierry Müller est né en 1970 à la Chaux-de-Fonds, marié et père de 2 enfants. Il a une formation de base de dessinateur-architecte, puis de chef de chantier et de projet, complétée par de nombreuses formations continues. Depuis la fin des années 90, il est actif comme chef de chantier, puis chef de projet, avec des fonctions de conduite auprès de diverses entreprises à Zürich, Genève et Lausanne. Engagé en 2004 chez HRS, il assure le développement immobilier pour la Suisse romande depuis 2008 et est membre de la direction générale depuis 2010. Il joue un rôle actif auprès de nombreuses organisations, notamment l’association des développeurs immobiliers vaudois (ADIV), dont il est membre fondateur et vice-président.



Plus d'articles