Des chercheurs de la ZHAW utilisent avec succès l’informatique quantique dans la pratique

mai 2023

Par rapport aux ordinateurs classiques, les ordinateurs quantiques peuvent résoudre des problèmes complexes en parallèle et donc plus rapidement, mais ils sont aussi plus vulnérables aux erreurs. Les chercheurs de la ZHAW montrent comment utiliser de manière ciblée les points forts des ordinateurs quantiques à l'aide d'une approche hybride.

Les ordinateurs quantiques ne connaissent pas seulement l’état 0 et 1, mais peuvent représenter plusieurs états entre 0 et 1 grâce à ce que l’on appelle des qubits – analogues aux bits des ordinateurs classiques – et calculer ainsi simultanément de nombreux résultats possibles. Les qubits sont toutefois sujets à des erreurs, dues par exemple à des influences extérieures telles que des variations de température ou des rayonnements électromagnétiques. Mais des erreurs de calcul peuvent également être dues à des processus internes, car les qubits ne restent que peu de temps dans un état stable. Il faut donc des algorithmes aussi petits que possible pour que les ordinateurs quantiques puissent calculer les résultats le plus rapidement possible, avant que les qubits ne deviennent instables.

Utiliser la force de l’ordinateur quantique de manière ciblée
Jusqu’à présent, il existe surtout des travaux théoriques sur la manière dont ces avantages de l’ordinateur quantique peuvent être utilisés dans le domaine de l’apprentissage automatique quantique. Toutefois, cette technologie informatique n’a guère été appliquée dans la pratique jusqu’à présent. Les chercheurs de la ZHAW ont choisi pour la première fois une nouvelle méthode qui permet d’obtenir des résultats plus précis sur des problèmes complexes avec les ordinateurs quantiques. « Nous avons utilisé une approche hybride pour implémenter la partie la plus complexe d’un algorithme dans un ordinateur quantique, tout en laissant un ordinateur classique calculer le reste », explique Kurt Stockinger, chercheur à la ZHAW. L’algorithme de machine learning utilisé est utilisé pour la classification d’objets. Comme les ordinateurs quantiques sont surtout puissants pour les calculs très complexes, mais n’offrent aucun avantage par rapport aux ordinateurs classiques pour les tâches simples, une combinaison des deux systèmes pourrait effectivement être une solution efficace.

Testé avec l’ordinateur quantique d’IBM
Les chercheurs de la ZHAW ont mené leurs expériences avec cinq jeux de données au total et ont fait calculer les calculs par des ordinateurs quantiques et classiques, puis ont comparé les résultats entre eux. Pour ce faire, ils ont utilisé la possibilité de se connecter directement à un ordinateur quantique d’IBM. Ils ont ainsi pu simuler le calcul et le faire effectuer concrètement par un ordinateur quantique. L’approche a été testée, entre autres, sur l’ensemble de données appelé iris, qui contient des informations sur les fleurs et est utilisé pour classer les différentes espèces de fleurs. Et en effet, la méthode hybride a donné des résultats plus précis. « Nous avons ainsi pu montrer que les problèmes classiques de machine learning peuvent être mieux résolus par l’approche hybride qu’avec des ordinateurs classiques », résume Stockinger.

Optimiser les réseaux neuronaux grâce aux ordinateurs quantiques
Les chercheurs de la ZHAW ont également utilisé les réseaux neuronaux, car ils peuvent reconnaître des modèles complexes à plusieurs niveaux au sein de grandes quantités de données. L’équipe de Kurt Stockinger et Rudi Füchslin a utilisé un ensemble de données météorologiques contenant de nombreux paramètres interdépendants, tels que l’humidité, la pression atmosphérique ou la température, et a alimenté un réseau neuronal pour obtenir le résultat « pluie » ou « soleil ». « Nous avons implémenté une couche spécifique de ce réseau dans l’ordinateur quantique. Il est ainsi possible de calculer et de visualiser plusieurs dépendances simultanément. Cela permet de faire des prévisions météorologiques beaucoup plus précises », explique Stockinger, décrivant l’avantage de la méthode. « Cependant, la recherche n’en est qu’à ses débuts, car il faut continuer à étudier comment les réseaux neuronaux peuvent être implémentés le plus efficacement possible dans un ordinateur quantique ».

De nombreuses possibilités pour l’industrie et la science
« Nous sommes maintenant passés de la théorie à l’application. Ainsi, la technologie devient maintenant intéressante pour les entreprises », explique Stockinger. De nombreuses entreprises montrent déjà un grand intérêt pour les avantages de l’informatique quantique, notamment en ce qui concerne les possibilités dans les technologies de sécurité. « Les banques en particulier s’intéressent de près à cette technologie, car leurs méthodes de cryptage pourraient être cassées par des ordinateurs quantiques », explique le chercheur de la ZHAW. La technologie peut également être utilisée dans de nombreux autres domaines, comme le développement de matériaux ou de médicaments nouveaux et améliorés. « Ce sont les mêmes domaines d’application que le machine learning, à la différence près que les ordinateurs quantiques peuvent fournir des résultats plus rapides et plus précis », résume Kurt Stockinger.

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