Entre la dynamique de l’IA et la stabilité des services
En 2025, le marché du travail européen présente une image différente. Alors que les services publics tels que la santé, l'éducation et l'administration continuent de progresser, les moteurs de croissance classiques tels que le secteur des TIC perdent sensiblement de leur dynamisme.
En Suisse, la croissance de l’emploi au deuxième trimestre 2025 n’était que de 0,6%. La moyenne à long terme est de 1,3 %. L’Allemagne stagne, la France enregistre même un recul, seules l’Italie et le Royaume-Uni affichent encore une croissance, bien qu’inférieure à la norme. En Suisse, les secteurs des services sont diversement touchés. Alors que les secteurs de la santé et de l’éducation connaissent une croissance robuste, le secteur des TIC affiche une baisse de 1,4% et perd près de 3 000 emplois
Les TIC s’affaiblissent
Le secteur des TIC a été un moteur de croissance pendant des années. Actuellement, une combinaison de gains de productivité grâce à l’intelligence artificielle, l’automatisation et la prudence conjoncturelle provoque un ralentissement sensible. Les tâches de routine sont automatisées et la demande en développeurs de logiciels classiques diminue. Les postes juniors sont particulièrement mis sous pression dans le cadre de l’utilisation de l’IA. Les tâches sont exécutées plus rapidement et avec moins de personnel, les opportunités d’entrée se font plus rares. En revanche, les rôles spécialisés dans l’architecture cloud, l’apprentissage automatique et la cybersécurité restent rares et recherchés
Après une croissance parfois supérieure à la moyenne dans les TIC au cours des dernières années, on observe une phase de correction qui s’accompagne également d’un déplacement des profils de postes.
Les services liés à l’État restent stables
La situation est différente pour la santé, l’éducation et l’administration publique. Ces secteurs liés à l’État continuent de croître de manière stable, parfois même plus que la moyenne. Ils sont poussés par trois facteurs.
- La démographie: le vieillissement des sociétés, les départs à la retraite et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée augmentent les besoins en matière de soins, d’assistance et d’éducation scolaire.
- Initiatives politiques: les programmes et les incitations salariales encouragent de manière ciblée les nouvelles embauches, par exemple dans les soins ou l’éducation de la petite enfance, et assurent une croissance de l’emploi.
- Limite de productivité : de nombreuses activités dans le domaine de l’éducation et du social ne peuvent guère être automatisées, le besoin en personnel reste constamment élevé (« effet Baumol »)
La spécialisation est de mise
Le marché du travail reste dual. Dans les secteurs liés à l’État, la croissance se poursuit, portée par les tendances sociales et politiques. Dans le secteur des TIC, la demande reste fondamentalement présente, mais se déplace davantage vers des rôles spécialisés et plus qualifiés. Les investissements dans le cloud, l’IA et la cybersécurité seront des moteurs d’emploi décisifs à long terme. La croissance de l’emploi à grande échelle n’est toutefois pas au rendez-vous. Les entreprises qui se concentrent sur les compétences de demain auront du succès sur un marché du travail en pleine mutation.
Après des années fastes, 2025 marque un tournant en Suisse et en Europe. Recul dans le secteur des TIC, croissance robuste dans les services publics. La dualisation des tendances du marché du travail va s’accentuer. L’avenir est surtout aux compétences spécialisées et à tous les services liés à la santé, à l’éducation et à l’administration.