Le site de Genève sous pression

La présence internationale à Genève est à un tournant. Les déplacements mondiaux, les bouleversements numériques et les incertitudes financières mettent à l'épreuve la résilience du site. Mais c'est aussi là que réside le potentiel de réorientation stratégique de l'immobilier, des infrastructures et du positionnement.

août 2025

Genève est considérée comme un symbole de la coopération internationale. 36’000 emplois dans les organisations internationales, environ 250’000 nuitées par an et une forte empreinte locale. Ces chiffres illustrent la pertinence de la présence internationale. Mais les tensions géopolitiques et le retrait potentiel de grands acteurs comme les Etats-Unis mettent ce système sous pression.

Les conséquences sont des coupes budgétaires, des changements structurels et des questions de localisation qui vont bien au-delà de l’échiquier politique. Les marchés immobiliers, les prestataires de services locaux et le développement urbain sont également directement touchés. Ce qui était considéré comme stable jusqu’à présent doit désormais être repensé.

Quand la demande est redistribuée
Les employés internationaux caractérisent le marché du logement de Genève avec environ 9 500 unités occupées, une forte propension à payer et une focalisation sur les grands appartements meublés. Une diminution de seulement 20 % des employés pourrait augmenter sensiblement le taux d’offre. Mais le taux de vacance ne devrait guère augmenter. La situation tendue en matière de logement fait que les logements qui se libèrent sont rapidement occupés par des ménages locaux.

L’évolution de la composition de l’offre, en particulier dans le segment des prix élevés, sera déterminante. Le marché pourrait sembler plus détendu à court terme, mais à moyen terme, il pourrait connaître un décalage dans la dynamique des loyers.

Stabilité à lépreuve
Environ 650 000 m² de bureaux sont aujourd’hui occupés par des organisations internationales. Une baisse de 20 % porterait le taux de vacance à plus de 10 %, avec un impact particulièrement marqué au Grand-Saconnex, à Pregny-Chambésy et dans la zone du Jardin des Nations. Un retrait complet laisserait plus de 140 000 m² de surfaces vacantes, une dimension équivalente à environ deux fois le projet PAV.

Bien que le marché se soit montré robuste jusqu’à présent, la baisse de la demande internationale pourrait accentuer les déséquilibres existants. Des stratégies différenciées pour une utilisation flexible et centrée sur l’utilisateur sont nécessaires.

Une dépendance visible et vulnérable
Chaque année, Genève accueille environ 2 500 conférences. Le tourisme qui y est associé soutient une grande partie du marché hôtelier. La suppression de ces événements pourrait réduire le taux d’occupation des hôtels jusqu’à 10 %. Avec des effets domino sur les fournisseurs, la gastronomie et la réputation internationale de la ville.

Ce domaine en particulier montre à quel point les intérêts économiques, urbanistiques et diplomatiques sont étroitement liés et combien ce carrefour est vulnérable.

Du danger à l’opportunité
Le retrait éventuel d’organisations internationales n’est pas une crise isolée, mais l’expression d’un changement structurel mondial. Le défi pour Genève est de considérer la résilience non seulement comme une résistance, mais aussi comme un changement.

Stratégies d’avenir pour Genève
Un écosystème unique d’organisations internationales, une qualité de vie élevée et une stabilité institutionnelle continuent de plaider en faveur de Genève. Parallèlement, il convient de répondre de manière stratégique à des défis tels que la rareté des sols, le prix élevé des terrains et le coût élevé de la vie.

Poursuivre la transformation avec deux leviers
Développer de nouveaux modèles commerciaux en diversifiant les financements et les services, les formats hybrides, les plateformes numériques et les partenariats ancrés localement.

Utiliser l’immobilier de manière intelligente et flexible
Repenser les espaces sous-utilisés de manière modulaire, centrée sur l’utilisateur et adaptable. La condition préalable est non seulement l’agilité spatiale, mais aussi organisationnelle.

Utiliser de manière ciblée les synergies dans l’espace
Passer des bureaux classiques à des lieux de savoir, de rencontre et d’innovation. Les infrastructures de conférence, d’hôtellerie et de coworking devraient être planifiées et utilisées de manière plus intégrée.

Assouplir la planification
Le développement urbain doit être réactif et adaptable. Avec des concepts visionnaires qui permettent la réversibilité et l’orientation des utilisateurs, plutôt que des directives rigides.

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