Les villes mettent en garde contre une politique des transports technocratique
Le rapport "Trafic 45" présenté par le conseiller fédéral Albert Rösti est le premier à proposer un scénario global pour l'avenir de la route, du rail et du trafic d'agglomération. Mais alors que le DETEC souligne que l'étude de l'EPFZ constitue une base stratégique pour les prochaines décennies, les villes émettent des critiques claires. Elles estiment que le rapport néglige des objectifs d'avenir essentiels tels que le solde net nul, l'efficacité des surfaces et le développement durable de l'urbanisation.
L’Union des villes suisses reconnaît la tentative de présenter une planification coordonnée après les turbulences politiques autour de l’extension des autoroutes et les difficultés financières du rail. En même temps, elle critique le cercle restreint des participants. Les villes et les communes ont certes été représentées dans le groupe d’accompagnement, mais elles n’ont pas été suffisamment impliquées dans la définition du contenu, bien qu’elles supportent directement les conséquences des décisions en matière d’infrastructure.
Les résultats sont surprenants. De nombreuses villes estiment que les reports d’importants projets de transports publics à Bâle et la dépriorisation du bypass de Berne Est sont en contradiction avec les priorités de l’aménagement du territoire. Ainsi, la logique d’augmentation des capacités à court terme prend parfois le pas sur les principes de développement durable à long terme.
Changement de paradigme exigé
Un point essentiel de l’analyse de l’EPFZ, à savoir que les nouvelles infrastructures à elles seules n’apportent guère d’avantages supplémentaires, est resté jusqu’à présent largement ignoré dans le discours public. L’utilisation intelligente des systèmes existants par le biais de la numérisation, de l’optimisation opérationnelle et de l’interconnexion multimodale est décisive.
Pour l’Union des villes suisses, il en résulte un mandat d’action clair. La politique des transports de demain doit mettre davantage l’accent sur les instruments de pilotage et de tarification tels que la tarification de la mobilité, les systèmes d’incitation à une utilisation efficace et une vérité des coûts cohérente. « Transports 45 ne fournit guère de bases pour cela.
Une image d’objectif plutôt qu’une pensée par étapes
L’association met en garde contre le fait que les décisions politiques se basent uniquement sur l’expertise de l’EPF. Le débat sur la mobilité et le territoire en 2050 devrait plutôt être mené sur une base large et interdisciplinaire. Cela implique les cantons, les villes, les communes et la science. C’est la seule façon d’éviter que les hiérarchies existantes entre les projets routiers et ferroviaires ne se renforcent.
Financement avec des flancs ouverts
Sur le plan financier également, le rapport dessine un champ de tensions. Le fonds d’infrastructure ferroviaire ne suffit pas à financer les aménagements prévus. L’Union des villes suisses salue la variante prévoyant 24 milliards de francs supplémentaires, mais met en garde contre des mesures d’économie dans le cadre du FIF et du NAF. Sans financement fiable, le développement du rail risque d’être stratégiquement bloqué.
Un large débat plutôt qu’une procédure rapide
Le projet de consultation visé par le conseiller fédéral Rösti pour janvier 2026 est jugé trop ambitieux par les villes. Une implication sérieuse des agglomérations concernées en l’espace de quelques semaines ne serait guère réaliste.
Le rapport « Trafic 45 » peut certes être considéré comme un pas en avant pour la planification nationale des infrastructures, mais seulement s’il est suivi d’un débat ouvert, scientifiquement fondé et ancré dans les communes sur la mobilité, le territoire et les objectifs climatiques.