L’approvisionnement en électricité de la Suisse en 2050 à la veille d’une grande expansion
D'ici 2050, l'approvisionnement énergétique de la Suisse doit être neutre pour le climat et fonctionner sans électricité nucléaire. Un nouveau rapport de recherche montre que le photovoltaïque et l'éolien doivent être massivement développés. Parallèlement, l'accès au marché européen de l'électricité reste crucial pour garantir la sécurité de l'approvisionnement et une énergie abordable.
L’électrification des transports, du chauffage et de l’industrie fait passer la consommation d’électricité de 56 térawattheures aujourd’hui à environ 75 térawattheures par an. Dans le même temps, 23 térawattheures sont supprimés des centrales nucléaires. Le réseau de recherche EDGE a calculé que la Suisse peut atteindre son objectif de 45 térawattheures issus des nouvelles énergies renouvelables, mais uniquement avec un fort développement du photovoltaïque et de l’éolien.
Développement du photovoltaïque et de l’éolien
Le photovoltaïque devrait quadrupler sa capacité, passant de 6,4 gigawatts aujourd’hui à près de 27 gigawatts. L’énergie éolienne devrait être multipliée par plus de 80, passant de 0,1 à 8,4 gigawatts d’ici 2050. L’énergie éolienne joue un rôle clé, en particulier en hiver. Sans subventions, cette augmentation ne serait guère réalisable, soulignent les chercheurs.
Dépendance du marché européen de l’électricité
La loi sur l’électricité limite les importations hivernales à un maximum de 5 térawattheures. Une application stricte augmenterait sensiblement les investissements et les coûts. Davantage de centrales éoliennes et solaires seraient nécessaires et le prix de l’électricité pourrait doubler. Une restriction de 70% des échanges d’électricité au sein de l’UE nécessiterait des capacités éoliennes supplémentaires et ferait encore augmenter les coûts. Les chercheurs d’EDGE considèrent donc que l’accès au marché européen de l’électricité est crucial.
Les investissements partent à l’étranger
Plus de la moitié des investissements suisses dans les projets d’énergie renouvelable partent aujourd’hui à l’étranger, principalement en Allemagne, en France et en Italie. Seul un pour cent environ reste en Suisse. Cela s’explique par les possibilités limitées de réalisation en Suisse. Les projets d’énergie éolienne, en particulier, sont financés par des investisseurs suisses à l’étranger.
Coûts de la transition énergétique
La transition vers un bilan net nul entraîne une hausse des prix des énergies fossiles, des biens et des services. Pour les ménages suisses, cela signifie une baisse de la consommation annuelle de 0,6 à 1 % selon le scénario. Si les émissions ne sont pas compensées à l’étranger, les charges augmentent encore. Parallèlement, les chercheurs soulignent que les coûts d’un changement climatique non maîtrisé seraient nettement plus élevés.
La Suisse peut atteindre ses objectifs énergétiques d’ici 2050, mais uniquement avec un développement massif du photovoltaïque et de l’éolien, une intégration étroite au marché européen et des investissements ciblés. Le défi reste de concilier sécurité d’approvisionnement, objectifs climatiques et coûts.