L’effet de verrouillage bloque le marché du logement
L'écart entre les loyers proposés et les loyers existants s'accroît. De nombreux locataires restent dans des logements qui ne sont plus adaptés à leur situation de vie, par crainte d'une augmentation des coûts. Ce phénomène d'enfermement freine la mobilité sur le marché du logement et renforce les problèmes structurels.
Alors que les loyers existants restent stables, voire baissent au fil des ans, les loyers proposés augmentent fortement. Une étude de la Banque cantonale de Zurich montre que les personnes qui ont emménagé dans un appartement dans le canton de Zurich en 2008 paient aujourd’hui en moyenne 3,3 pour cent de moins. En revanche, les nouveaux locataires doivent payer plus de 33 pour cent de plus. Ce que l’on appelle le « bonus de rétention » fait qu’un déménagement n’est pas financièrement intéressant pour beaucoup.
L’effet de verrouillage paralyse l’utilisation du logement
Il en résulte une distorsion de l’utilisation du logement. Les logements familiaux restent en place même après le départ des enfants, les chambres en colocation ne sont pas réattribuées. L’effet de verrouillage maintient les générations plus âgées dans des logements trop grands, tandis que les jeunes familles peinent à trouver un logement adéquat. Les grandes villes sont particulièrement touchées, où les réglementations renforcent encore cet effet.
Conséquences pour la société et l’économie
La rigidité du marché locatif a des conséquences importantes. Les jeunes ménages peinent à trouver des logements plus grands pour fonder une famille, tandis que la génération plus âgée vit dans des logements surdimensionnés. Parallèlement, cette problématique touche particulièrement les ménages à faibles revenus. En cas de déménagement, une part significative de ce groupe devrait consacrer plus de 40% de son revenu au loyer.
Solutions demandées
Une augmentation de la construction, des incitations fiscales à déménager dans des logements plus petits et des modèles de logement et de financement innovants pourraient permettre de remédier à cette situation. Au niveau local, des conditions-cadres flexibles sont nécessaires pour élargir l’offre. Il est également essentiel de concevoir les réglementations de manière à ce qu’elles ne renforcent pas involontairement l’effet d’enfermement, ce qui nuirait précisément aux groupes qui devraient être protégés.
L’effet de verrouillage est un phénomène récent mais de plus en plus dominant sur le marché de la location. Il conduit à une utilisation inefficace des logements, à un déséquilibre social et à une perte de dynamisme. Seule une augmentation de la construction neuve, des modèles de marché créatifs et des incitations politiques ciblées permettront de débloquer la situation et de redynamiser le marché du logement.