Zurich réajuste sa politique de logement et de transport
Les électeurs zurichois rejettent clairement un droit de préemption communal, mais se prononcent de justesse en faveur d'un doublement de l'aide cantonale à la construction de logements et nettement en faveur de règles plus strictes contre la vitesse de 30 km/h sur les grands axes. Parallèlement, un nouveau droit fondamental à l'intégrité numérique échoue, tout comme une réduction plus importante des primes. Un signal en faveur d'une intervention modérée de l'État, tout en reconnaissant la crise du logement.
Le contre-projet à l’initiative « Davantage de logements abordables » a été accepté par environ 51% des votants. Le crédit pour l’aide cantonale au logement passe de 180 à 360 millions de francs. Les coopératives et les maîtres d’ouvrage d’utilité publique obtiennent ainsi des moyens supplémentaires pour réaliser des projets dans le segment des logements à prix modérés, sans intervenir directement dans les contrats de propriété
L’initiative de préemption proprement dite est nettement rejetée par près de 60% des votants, bien que la pénurie de logements soit largement reconnue. Les électeurs acceptent ainsi le diagnostic d’un marché tendu, mais rejettent l’instrument d’un droit de préemption systématique des communes, jugé trop intrusif pour la liberté de propriété et de contrat
Le canton reprend le flambeau de la vitesse
L’initiative sur la mobilité est acceptée avec près de 57% de oui et consacre le 50 km/h comme règle sur les grands axes, le 30 km/h restant possible sur de courts tronçons et dans des cas exceptionnels et justifiés. A l’avenir, ce ne sont plus Zurich et Winterthur qui décideront des réductions de vitesse sur les routes principales, mais le canton. Un changement de pouvoir qui fixe des limites étroites aux politiques urbaines en matière de circulation
Les électeurs renforcent ainsi le contrôle cantonal du trafic motorisé et affaiblissent les tentatives communales de mettre en œuvre plus largement des objectifs de bruit et de sécurité au moyen de la limitation à 30 km/h. Pour les planificateurs et les investisseurs, cela signifie une plus grande clarté de la réglementation au niveau du réseau, mais moins de marge de manœuvre pour des expériences de politique de transport et de développement urbain à l’échelle du quartier
Les droits numériques et la réduction des primes échouent
L’initiative « Pour un droit fondamental à l’intégrité numérique » ne recueille guère de soutien, avec environ 25% de voix favorables. Le contre-projet, plus modéré, est également rejeté avec un peu plus de 55% de non. Ni un droit explicite à une « vie sans téléphone portable » ni des garanties constitutionnelles supplémentaires contre la surveillance et l’analyse des données ne convainquent. Le canton ne se voit donc pas confier de mission constitutionnellement valorisée dans l’espace numérique
L’augmentation de la réduction des primes cantonales est également rejetée, bien qu’environ 1,3 milliard de francs soient déjà versés dans ce pot commun. Le non à 50 millions de francs supplémentaires par an signale une retenue en matière de politique financière et laisse les ménages à faible revenu dans l’étau de la hausse des coûts de la santé et de la stagnation des prestations de transfert
Signaux pour le marché du logement et la planification
Pour la pratique de la construction de logements dans le canton de Zurich, le paquet signifie plus de subventions, mais pas de nouveaux instruments de contrainte en matière de planification comme un droit de préemption général. Les communes et les coopératives doivent ainsi axer davantage leurs stratégies sur la coopération, la mobilisation de terrains constructibles et l’accélération des procédures d’autorisation, plutôt que sur une intervention directe sur le marché
En somme, le vote révèle une ligne de tension entre les villes et les campagnes. La pénurie de logements est reconnue, mais les incitations financières et le contrôle cantonal sont préférés à une intervention profonde dans les droits de propriété ou la mobilité quotidienne. Pour les acteurs de l’immobilier, de la planification et de la politique, cela ouvre un champ dans lequel la mise en œuvre de l’augmentation des aides au logement devient un levier décisif.